Le premier mot de ma fille et le seul pendant longtemps a été "saussures", après maman et papa bien sûr. L'autre jour je passais avec elle devant une vitrine et elle a crié avec enthousiasme "saussures". Je n'avais pas prévu d'en acheter mais je suis rentrée dans la boutique. J'ai vu des sandales rouges pour moi et aussi des sandales rouges pour elle. Je me suis dit que des sandales dans le nord ce n'est pas une nécessité absolue mais en ce moment, j'ai l'impression que le nord, c'est le nouveau sud. Il n'a pas plu pendant des semaines. Alors cela a été la bonne excuse pour essayer des sandales.
A deux ans, ma fille sait mettre seule ses chaussures et défile avec toutes celles de la famille depuis des mois. Je n'ai aucune idée de l'âge minimum auquel on est capable de mettre des chaussures seule mais je crois que sur ce point elle est en avance. Même si je ne suis pas certaine qu’être une shoe addict précoce soit exactement ce dont je rêve pour son avenir. Et elle confond toujours le pied gauche et le pied droit. Alors je l'ai vue arriver avec deux chaussures absolument identiques. Elle était allée les chercher seule dans le rayon. Je m'apprêtais à entendre un compliment de la vendeuse pour son autonomie mais après m'avoir lancé un regard noir, elle a foncé sur ma fille et lui a dit sèchement qu'il ne faut pas mettre deux pieds gauches car cela les abimes. J'aurais préféré qu'elle s'adresse à moi directement au lieu de gronder ma fille. La différence entre la gauche et la droite, c'est au programme de la maternelle et ma fille est encore à la crèche. J'aurais peut-être du partir en claquant la porte devant si peu d'amabilité mais les sandales étaient en soldes et ma fille battait des mains de joie en disant, "veux saussures, veux saussures,…".
Les sandales rouges que j’avais essayées me plaisaient aussi et je n'en avais plus qu'une paire, donc j’en avais vraiment besoin. Si je vous assure, j'ai beaucoup de chaussures mais peu de sandales, j'ai fait le tri en déménageant. Alors je suis passée à la caisse, mais là, grand moment de honte, j'étais partie sans mon portefeuille. Soupir excédé de la vendeuse. Je pars rapidement chercher de quoi payer car je les voulais vraiment malgré la vendeuse. Il me reste vingt minutes avant la fermeture, Heureusement c'est à cinq minutes de chez moi. J'arrive cinq minutes avant la fermeture, je pousse la porte, j'imagine le sourire de ma fille quand je lui rapporterai les sandales. Mais là, c'est le drame. La vendeuse me dit que c'est fermé. Je repars bredouille, en maugréant contre cette vendeuse qui n'a aucun sens commercial. Tant pis pour elle, je n'y retournerai pas, je suis fâchée qu'elle n'ait pas voulu de mon argent.
Mais le lendemain, je me dis que c'est n'est qu'un mauvais moment à passer, je pars affronter la commerçante hostile. Ma fille se prend une remarque parce qu'elle ose mettre un pied dans la vitrine. Je paie rapidement et ressort avec mon butin. Heureusement la vendeuse a été plus sympa après avoir débité ma carte bancaire et a offert un bonbon à ma fille. Finalement mon argent lui a rendu le sourire.
Nous sommes vite rentrées à la maison, pressées d’enfiler nos nouvelles chaussures. Ma fille adore ses sandales mais au moment de sortir, il y a eu de gros orages. Et ce jour là que je suis tombée sur un carton contenant d'autres paires de chaussures dont des sandales noires pour moi. Mais celles-ci sont rouges et je n'avais pas de sandales rouges assorties à mes petits hauts rouges. Et après la pluie, le soleil est revenu même dans le nord. Alors, nous avons mis nos sandales pour un total look rouge mère-fille.